L'avenir de l'Église en Afrique

Introduction du T.R.P. dom Philippe de Ribes, abbé de Keur-Moussa (Sénégal)

Le 19 février 1992, quand le pape Jean-Paul II est entré dans la cathédrale de Dakar au terme du parcours triomphal qui l’amenait depuis l’aéroport à travers une foule de plus en plus dense, il dut d’abord traverser la nef de l’édifice, à travers une véritable marée humaine, jusqu’à l’autel du Saint-Sacrement où il se recueillit quelques instants selon son habitude. Quand il revint s’asseoir devant le maître-autel, le bruit et l’agitation extrême qui l’avaient accueilli cessèrent totalement pour faire place à un impressionnant silence. Alors le Saint-Père, de sa voie grave et tranquille, se mit à prononcer quelques mots biens scandés : « Merci de votre accueil chaleureux, chaleureux ! »

La chaleur de ce accueil d’une foule où les musulmans très majoritaires dans le pays, s’étaient mêlés aux chrétiens ne s’est pas démentie au cours de ce bref séjour, comme ce fut aussi le cas dans les divers pays africains que l’infatigable voyageur de Rome a parcourus durant la période déjà longue de son pontificat. Dans cet enthousiasme, qui n’était pas factice, la parole de ce pape, comme celle de son prédécesseur Paul VI, qui avait inauguré ces voyages missionnaires, a eu un impact considérable sur ces foules qui, avec un cœur libre et sans prévention, se montraient spontanément accueillantes à la parole comme à la personne qui l’apportait autant par son témoignage vécu comme par ce qu’elle disait – comme Jésus, au temps de sa prédication galiléenne, qu’on voulait non seulement entendre, mais aussi voir et toucher.